Marignane : la chaîne du H160, modèle de l'industrie du futur

08/05/2019

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Airbus Helicopters lance avec le successeur du Dauphin une nouvelle manière de produire, qui colle à la transformation du groupe 

Sur la chaîne d'assemblage flambant neuve du H160, à Marignane, c'est une nouvelle page de l'histoire d'Airbus Helicopters qui est en train de se tourner. D'abord parce que ce dernier né de la filiale du groupe aéronautique européen s'apprête à remplacer le Dauphin, véritable success story mondiale. "Depuis 1975 il y en a un millier qui ont volé dans le monde, c'est une succession lourde", assure Franck Dessenis, directeur adjoint en charge du programme H160. Ensuite parce que le mode opératoire de cette ligne qui fait appel à l'assistance robotisée de l'humain, est aussi la première du genre, d'un modèle que l'industriel compte généraliser. "Pour la première fois nous avons fait appel à un acteur externe pour développer cet outil", ajoute le responsable. Et pour cause, la production du H160 est largement inspirée des process utilisés dans l'industrie automobile mais aussi importée du segment aviation du groupe. Si le successeur du Dauphin est assemblé à Marignane, les éléments qui le composent proviennent des différents sites Airbus Helicopters en Europe, désormais spécialisés, selon la nouvelle organisation de l'entreprise ; la partie centrale vient du site de Donauworth en Allemagne, les poutres de queue d'Albacete, en Espagne, les pales du Bourget, la boîte de transmission de Marignane... "Pour produire un Dauphin il fallait huit mois pour assembler quelque 5 000 pièces, contre un millier seulement avec le H160", ajoute Franck Dessenis.

S'adresser à de multiples marchés

Le dernier né d'Airbus Helicopters, qui a déjà séduit 15 acheteurs l'an dernier, sortira des hangars de Marignane en 40 jours à peine, après cinq étapes de huit jours chacune. "C'est un modèle importé d'Airbus Aviation", précise le directeur adjoint. Avant d'installer cette ligne, la première depuis la mise en place du nouveau mode de fonctionnement du groupe, par sites spécialisés, l'assemblage a déjà eu lieu à plusieurs reprises, en 3D. "Quand le designer fait évoluer une pièce, la production est au courant", poursuit le professionnel.

Les équipes ont même participé à des "Ring digitaux" qui consistent à réunir tous les métiers concernés, des opérateurs aux bureaux d'études en passant par les fournisseurs, pour recueillir leurs avis sur la manière dont allait se dérouler cette production. Même chose pour l'appareil lui-même ; un client en quête d'un appareil moins bruyant est intervenu devant les compagnons, ces opérateurs aux compétences pointues, pour donner son avis éclairé. Car le H160 est destiné à adresser de multiples marchés, civils, sanitaires, militaires, de luxe, en incarnant une nouvelle génération d'hélicoptère.

Une production rationnalisée

Son moteur mis au point par Safran consomme 15 % de carburant en moins, ses vibrations sont atténuées, le bruit de ses pales réduit de moitié grâce à une innovation mise au point au Bourget. Et sa production est rationnalisée. "En un an il n'y a pas eu un seul accident de travail", annonce fièrement Laurence Béjat, responsable de la chaîne d'assemblage H160 où travailleront 50 personnes à terme, contre 14 aujourd'hui et 24 d'ici six mois. L'appareil va ainsi être assemblé, au fil de cinq stations, sorte de "ponts" ou élévateurs géants qui permettent aux équipes de travailler en hauteur en toute sécurité mais aussi d'avoir accès au-dessous de la machine. Certaines opérations sont hyper rapides, grâce à l'usage d'un bras articulé, comme l'installation de la boîte de transmission principale, par le haut. "Il y a sept stations mais on en utilise seulement cinq. Les deux autres sont des "hôpitaux" car si un hélico est malade, on ne peut arrêter la chaîne", ajoute la responsable. Le premier H160 a volé en décembre. Il était recouvert des 900 signatures des collaborateurs ayant contribué à sa conception.

Un travail de génie civil a été mis en oeuvre à l'été 2016 pour soutenir le nouvel outil mis en place dont l'intégralité a été livrée au premier semestre 2019. 30 hélicos par an c'est la capacité de production de la ligne.

La ligne est statique pour les deux premières machines puis elle avancera lentement à partir de la troisième, dont la fabrication est lancée ce mois-ci.Le H160 serait 20 % moins cher que son concurrent à performance égale.

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